See Pompéi, Porta Ercolano : organisation, gestion et
transformations d’une zone suburbaine : Campagne 2016 CEFR 1676
HGE20 Pompeii. May 2006. Looking north-east towards entrance doorway.
The shop HGE20 is currently organised in three rooms arranged at right angles to each other, surrounding the blind room that probably served as a reservoir for the fountain HGE20a.
No occupation prior to the installation of the shop was observed: all the perimeter walls were erected during a single phase - including several construction periods - directly on the ante-Plinian eruptive levels, possibly reworked by colluvium. The shop then had two rooms, N20/1 in the front, whose plan remained largely unchanged despite the various successive transformations, and N20/2-3, a long back room which was later subdivided into two spaces. The first floor was accessible from the portico via a separate entrance leading to a staircase, the base of which was masonry only. It is impossible to determine the first activities developed in the shop: only the meagre remains of a concrete floor were observed in room N20/1. It is assumed that a cistern was installed in the north-eastern corner of N20/2-3. Its well, dug into the substratum, is not masoned, but its wall is overlaid at regular intervals with steps for descending into it (Fig. 20), took place during this phase. No floor levels in use during this phase were preserved in the back room.
La boutique HGE20
est actuellement organisée en trois pièces disposées en équerre, entourant la
pièce aveugle servant de probable réservoir à la fontaine HGE20a.
Aucune
occupation antérieure à l’installation de la boutique n’a été observée : tous
les murs périmétriques sont érigés au cours d’une unique phase – comportant
plusieurs moments de chantier – implantée directement sur des niveaux éruptifs anté-pliniens éventuellement remaniés par colluvionnement.
La boutique dispose alors de deux pièces, N20/1 en façade dont le plan est
resté globalement inchangé malgré les diverses transformations successives, et
N20/2-3, une arrière-boutique barlongue qui fut par la suite subdivisée en deux
espaces. L’étage, planchéié, était accessible depuis le portique par une entrée
indépendante donnant sur un escalier dont seule la base était maçonnée. Il est
impossible de déterminer les premières activités développées dans la boutique :
seuls les maigres vestiges d’un niveau de béton de tuileau ont été observés
dans la pièce N20/1. On supposer que, dans l’angle nord-oriental de N20/2-3,
une citerne a alors été installée. Son conduit de puisage, creusé dans le
substrat, n’est pas maçonné, cependant, sa paroi est surcreusée à intervalles réguliers
d’échelons permettant d’y descendre (fig. 20), a eu lieu lors de cette phase.
Aucun niveau de sol en usage lors de cette phase n’a été conservé dans
l’arrière-boutique.
See Pompéi, Porta Ercolano : organisation, gestion et
transformations d’une zone suburbaine : Campagne 2016 CEFR 1676
HGE20 Pompeii. June 2016. The shop where the five fugitives had taken refuge.
Here the archaeologists, while emptying the rooms of a workshop already explored in the nineteenth century by Giuseppe Fiorelli, came across a layer untouched by the nineteenth-century excavators and found the skeletons of five fugitives, who had found refuge in the workshop while trying to escape the fury of the eruption of Vesuvius in 79 AD: Alongside the bones, three gold coins, a necklace pendant and some tableware were found, mixed together after the looting by clandestine diggers who ventured into the workshop after the eruption of 79 AD. They had ventured into the city in search of treasures buried under the ashes. The area was damaged by bombing in 1943.
La bottega
dove si erano rifugiati i cinque fuggiaschi.
Qui gli
archeologi, mentre svuotavano gli ambienti di una bottega già esplorata
nell'Ottocento da Giuseppe Fiorelli, si sono imbattuti uno strato non intaccata
dagli scavatori ottocenteschi e hanno rinvenuto gli scheletri di 5 fuggiaschi,
che avevano trovato rifugio nella bottega mentre cercavano si sfuggire alla
furia dell'eruzione del Vesuvio del 79 dopo Cristo: accanto alle ossa sono
state ritrovate tre monete d’oro, un pendente di collana e alcuni vasi da
mensa, mescolati alla rinfusa dopo i saccheggi degli scavatori clandestini che
dopo l’eruzione del 79 d.C. si avventurarono
nella città alla ricerca di tesori sepolti sotto la cenere. La zona fu
danneggiata dal bombardamento del 1943.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. May 2006. Two doorways to rear rooms. This was originally a long back room which was later subdivided into two spaces.
HGE20 Pompeii. May 2006. Doorway to room in north-east corner.
HGE20 Pompeii. June 2016. The firing pit of the moulds necessary for the manufacture of bronze objects.
La fosse de
cuisson des moules nécessaires à la fabrication des objets en bronze.
See Pompei- le secteur de la Porte d’Herculanum à Pompéi Centre Jean Bérard
HGE20 Pompeii. June 2016. A circular pit, which is accessed by a few steps, must be related to bronze work.
The excavation of the HGE20 store identified a polymetallic production workshop, where bronze and iron were worked, installed in the back room of the building and in the room opening onto the portico. A circular pit, which is accessed by a few steps, must be related to bronze work. This is a casting pit, also used for firing the moulds needed to make bronze objects. This is the first permanent installation, unrelated to a construction site, discovered so far. In the main room, remains linked to the work of iron - slag, scale - make it possible to restore an activity linked to the work of this metal, probably thanks to a forge on a table. The two activities appear to have coexisted in the same store, although the workshop was no longer in operation at the time of the eruption.
Une fosse circulaire, à laquelle on accède par quelques marches doit être mise en relation avec le travail du bronze.
La fouille de la
boutique N20 a permis d’identifier un atelier de production polymétallique, où
l’on travaillait le bronze et le fer, installé dans l’arrière-boutique de
l’édifice et dans la pièce ouvrant sur le portique. Une fosse circulaire, à
laquelle on accède par quelques marches doit être mise en relation avec le
travail du bronze. Il s’agit d’une fosse de coulée, servant également pour la
cuisson des moules nécessaires à la fabrication d’objets en bronze. Il s’agit
de première installation pérenne, non liée à un chantier de construction,
découverte jusqu’alors. Dans la pièce principale, des restes liés au travail du
fer - scories, battitures - permettent de restituer une activité liée au
travail de ce métal, vraisemblablement grâce à une forge sur table. Les deux activités
semblent avoir coexisté dans la même boutique, même si l’atelier n’était plus
en activité au moment de l’éruption.
See Pompei- le secteur de la Porte d’Herculanum à Pompéi Centre Jean Bérard
See https://journals.openedition.org/cefr/1676
HGE20 Pompeii. June 2016. The room in north-east corner where the fugitives had taken refuge.
La camera nell'angolo
nord-est dove si erano rifugiati i fuggiaschi.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. June 2016. The remains of the 5 fugitives of 79 AD discovered inside the workshop.
I resti dei 5
fuggiaschi del 79 dopo Cristo scoperti all'interno della bottega.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. June 2016. One of the three gold coins during the discovery.
Una delle tre
monete d'oro durante il rinvenimento.
Une des
trois pièces d’or lors de la découverte.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
Life didn't completely stop after the eruption. Indeed, shortly after this, two groups of looters came to dig tunnels in the eruptive material in search of materials considered precious, such as metal. A first group followed a lead pipe, tearing it off. The second group, however, arrived by another path, came across a group of several people fleeing the eruption who had sought refuge in the back room. We don't know what they found on the skeletons, however, while searching in the dark, the looters forgot three gold coins that were among the valuables taken by the fugitives.
La vie ne
s’est pas complètement arrêtée après l’éruption. En effet, peu de temps après
celle-ci, deux groupes de pilleurs sont venus creuser des tunnels dans le
matériel éruptif à la recherche de matériaux considérés comme précieux, tel que
le métal. Un premier groupe a suivi un tuyau en plomb, en l’arrachant. Le
second groupe, en revanche, arrivé par un autre chemin est tombé sur un groupe
de plusieurs personnes fuyant l’éruption et qui avaient cherché refuge dans
l’arrière-boutique. Nous ne savons pas ce qu’ils ont trouvé sur les squelettes,
toutefois, en cherchant dans l’obscurité, les pillards ont oublié trois monnaies
en or qui faisaient partie des biens précieux emportés par les fugitifs.
See Pompei- le secteur de la Porte d’Herculanum à Pompéi Centre Jean Bérard
HGE20 Pompeii. June 2016. Aureus of Vespasian, c. 74-78 AD.
Aureo di
Vespasiano, c. 74-78 d.C., lato 1.
Aureus of Vespasian. One of the gold coins, abandoned in the middle of the skeletons.
77-78 AD
Personification of Rome, the left foot, inwards, rests on a helmet.
At the feet, on
the right, the she-wolf breastfeeding Romulus and Remus.
Photo © S.
Zanella/S. De Rosa – EFR.
Aureus de
Vespasien. Une des monnaies en or, abandonnée au milieu des squelettes.
77-78 ap. J.-C. Personnification de Rome, le pied gauche, vers
l’intérieur, repose sur un casque.
Aux pieds, à
droite, la louve allaitant Romulus et Remus.
Photo © S.
Zanella/S. De Rosa – EFR.
See Pompei- le secteur de la Porte d’Herculanum à Pompéi Centre Jean Bérard
HGE20 Pompeii. June 2016. The three gold coins.
Le tre monete
d'oro.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. June 2016. One of the three gold coins.
Una delle tre
monete d'oro.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. June 2016. The three gold coins.
Le tre monete
d'oro.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. June 2016. Alongside the bones, three gold coins, a necklace pendant and some tableware were found.
Accanto alle
ossa sono state ritrovate tre monete d’oro, un pendente di collana e alcuni vasi
da mensa.
Photograph ©
Parco Archeologico di Pompei.
HGE20 Pompeii. May 2006. Doorway to room in south-east corner.
HGE20 Pompeii. May 2006. South-west corner on right of entrance doorway.
HGE20 Pompeii. May 2006. South wall with arched niche.
HGE20 Pompeii. May 2006. Arched niche.
Sandra
Zanella, Laetitia Cavassa, Nicolas Laubry, Nicolas Monteix, Guilhem Chapelin,
Arnaud Coutelas, Audrey Delvigne Ryrko,
Mélanie Errera, Léa Gerardin, Bastien Lemaire,
Raphael Macario, Florien Ortis, Vincenzo Pellegrino
et Géraldine Sachau-Carcel.
Publication en
libre accès. © École française de Rome. CEFR 1676
29 La boutique
N20 est actuellement organisée en trois pièces disposées en équerre, entourant
la pièce aveugle servant de probable réservoir à la fontaine N20a. Le choix
d’intervenir dans ces espaces a été initialement motivé par la possibilité
théorique de bénéficier, dans les deux arrière-boutiques, d’une accumulation
stratigraphique liée au besoin de récupérer la pente, et dont l’observation
aurait permis de mieux cerner les évolutions de la file de boutiques situées au
nord de la via dei Sepolcri. Il s’agissait, en outre,
de définir les fonctions commerciales ou de production implantées dans ces
locaux non interprétés jusqu’alors. Par ailleurs, il convient de noter que,
bien que bénéficiant de bonnes conditions globales de conservation, la boutique
et ses dépendances ont subi au fil de leur histoire, de forts remaniements qui
ont souvent impliqué l’arasement des éléments antérieurs, en particulier des
niveaux de sol. De ce fait, la présentation qui suit des différentes phases
reste préliminaire.
30 Aucune occupation
antérieure à l’installation de la boutique n’a été observée : tous les
murs périmétriques sont érigés au cours d’une unique phase – comportant
plusieurs moments de chantier – implantée directement sur des niveaux
éruptifs anté-pliniens éventuellement remaniés par
colluvionnement. La boutique dispose alors de deux pièces, N20/1 en façade dont
le plan est resté globalement inchangé malgré les diverses transformations
successives, et N20/2-3, une arrière-boutique barlongue qui fut par la suite
subdivisée en deux espaces. L’étage, planchéié, était accessible depuis le
portique par une entrée indépendante donnant sur un escalier dont seule la base
était maçonnée. Il est impossible de déterminer les premières activités
développées dans la boutique : seuls les maigres vestiges d’un niveau de
béton de tuileau ont été observés dans la pièce N20/1. On supposer que, dans
l’angle nord-oriental de N20/2-3, une citerne a alors été installée. Son
conduit de puisage, creusé dans le substrat, n’est pas maçonné, cependant, sa
paroi est surcreusée à intervalles réguliers d’échelons permettant d’y
descendre (fig. 20), a eu lieu lors de cette phase. Aucun niveau de sol en
usage lors de cette phase n’a été conservé dans l’arrière-boutique.
Fig.
20 – Boutique N20. Vestiges de la citerne située au nord-est de la
pièce N20/2-3.
On note un des
échelons dans la paroi septentrionale.
Vue du sud.
Cliché :
N. Monteix-EFR.
31 Ce n’est
qu’au cours de la phase suivante que d’importants remaniements sont exécutés à
la fois dans la pièce principale et dans l’arrière-boutique. La boutique est
alors dotée d’un sol en béton de tuileau recouvrant vraisemblablement
l’ensemble de la surface, dans lequel sont incorporés un bassin contre le mur
oriental ainsi qu’une citerne, suite au comblement de
la citerne précédemment située dans la pièce N20/2-3. Un parcours d’évacuation
de l’eau est ménagé entre la citerne et l’angle sud-occidental de la pièce, où
un avaloir traverse le mur pour vraisemblablement rejoindre le trop-plein de la
fontaine N20a (fig. 21). Ce déplacement de la citerne pourrait être lié à
la mise en place d’une activité de production de nature indéterminée dans les
différentes pièces de la boutique.
Fig.
21 – Boutique N20. Aménagements hydrauliques installés au cours de la
seconde phase.
1. Citerne au
conduit maçonné. 2. Bassin quadrangulaire. 3. Avaloir traversant le mur
occidental. Vue générale de la boutique prise de l’est.
Clichés :
N. Monteix / S. Zanella / A. Delvigne-Ryrko-EFR.
32 Pendant la
troisième phase, d’importants travaux structurels et fonctionnels sont menés.
Le mur de refend entre les pièces N20/1 et N20/2-3 est abattu. Un nouveau
refend est construit de manière à ce qu’il puisse
recevoir une voûte qui se développe en longueur au-dessus de la pièce N20/2-3.
Le principal aménagement est constitué par une fosse de forme sub-circulaire en plan, d’un diamètre d’environ 0,90 m
dans son axe longitudinal et d’environ 0,77 m dans son axe transversal.
Cette fosse se développait sur une hauteur d’au moins 1,32 m. Ses parois
verticales ont reçu un cuvelage peu épais, dont le parement interne n’est que
très grossièrement lissé. Au sommet de la partie cylindrique, un évasement,
aménagé avec des fragments d’amphores vinaires, est conservé. On pouvait
accéder à cette fosse par un escalier disposé suivant un axe
sud-est/nord-ouest, composé à l’origine de cinq marches. Bien qu’une tranchée
postérieure à l’éruption ait emporté une partie de cette construction, une
interprétation raisonnable que l’on peut proposer est celle d’une fosse de
coulée pour des alliages cuivreux dans laquelle les moules des objets à fondre
étaient cuits et décirés, puis, laissés en place, ils
recevaient le métal en fusion (Note 5) (fig. 22).
Note 5 : Il
s’agirait alors de la première fosse de coulée pérenne connue dans l’Antiquité.
Les autres exemples, qu’ils proviennent du monde grec (Zimmer 1990) ou du
monde romain (Morel – Chevalley – Castella 2001 ;
Guyard 2003, p. 64‑69 ; Adamski
– Pernot – Sireix 2011 ; Thomas – Mille – Loiseau 2015) sont des
installations temporaires, vouées à des coulées de grands bronzes, généralement
associées à des chantiers de construction.
Fig.
22 – Boutique N20. Coupe et relevé en plan photogrammétriques de la
probable fosse de coulée.
Échelle :
1/20.
Photogrammétrie :
S. Zanella / N. Monteix-EFR.
Malgré
l’absence de restes de coulées ou de fragments de moules – mais les sols
ont été détruits et les déchets vraisemblablement jetés lors du comblement de
la seconde citerne –, d’un point de vue morphométrique, le parallèle entre
cette fosse et les autres attestations connues est frappant. Un autre
aménagement pourrait avoir servi dans le cadre de cette production. Ainsi, une
amphore vinaire locale a été insérée dans le sol à l’horizontale (fig. 23).
Des traces de chauffe à proximité ainsi que la situation de cette amphore en
remploi permettent de pointer vers une utilisation comme four de recuit.
Fig.
23 – Boutique N20. Amphore en remploi dans le sol de la pièce
N20/2-3, éventuellement utilisée comme four de recuit.
Vue de
l’ouest.
Cliché :
N. Monteix-EFR.
33 Dans la
pièce de façade, des aménagements liés à cette nouvelle activité sont
construits. Au centre de la pièce, un bloc de maçonnerie est installé
directement sur le sol en béton de tuileau (fig. 24). Si sa construction
est de piètre qualité, il est renforcé en son centre par un bloc plus imposant
en calcaire « du Sarno ». Son angle sud-oriental comprend, fiché dans
le sol, un fond de vase. Autour de ce massif, quatre cavités de faible
profondeur ont été ménagées.
Fig.
24 – Boutique N20. Massif maçonné et aménagements périphériques,
possibles traces d’un atelier de métallurgie du fer.
Vue zénithale
de l’est.
Cliché :
N. Monteix-EFR.
34 La mise en
évidence, dans les rares lambeaux de sol pertinents à cette phase, de
battitures de fer, ainsi que la découverte, dans le comblement de la citerne
survenu ultérieurement, de trois scories de fer en calotte, correspondant
normalement au résultat d’une journée de travail, pointent vers l’installation
d’un espace de métallurgie du fer. Avec toute la prudence qu’impose la relative
rareté des traces indubitables de travail des alliages cuivreux et du fer
– en cours d’étude (Note 6) –, il apparaît possible de proposer que,
lors de cette phase, un atelier orienté vers une production polymétallique a
été installé. Pour l’heure, on se contentera de suggérer que le massif maçonné
pourrait avoir servi de forge sur table.
Note 6 :
L’étude des traces liées au travail du fer a été confiée à Anika
Duvauchelle (Musée d’Avenches) et à Gaspard Pagès
(CNRS, UMR 5608 Traces).
35 La dernière
phase, restée inachevée à cause de l’éruption, est caractérisée par un
réaménagement massif de l’ensemble des pièces, visant à un changement aussi
probable que radical d’activité. Dans l’angle nord-oriental de la pièce
N20/2-3, une grande fosse circulaire est creusée, vraisemblablement destinée à
permettre de récupérer des matériaux de construction. Une fois son rôle
terminé, cette fosse, comme la citerne située dans la pièce N20/1, a été
comblée avec les différents éléments détruits par les travaux. La fosse de
coulée est également comblée, sans qu’elle n’ait été préalablement vidée des
restes carbonisés de sa dernière utilisation (Note 7). Un mur de refend est
érigé pour créer deux arrière-boutiques. Dans la nouvelle pièce N20/3, un
pilier maçonné est construit pour servir de protection à un tuyau de plomb,
probablement destiné à alimenter en eau sous pression la fontaine N20a. Dans la
pièce N20/1, un remblai a commencé à être disposé sur l’ensemble de la surface,
après l’arasement de l’éventuelle margelle de la citerne, ainsi que du bassin.
L’étage, auparavant accessible depuis le portique, peut désormais être rejoint
exclusivement depuis l’intérieur du local. Ces travaux étaient encore inachevés
au moment de l’éruption, comme en témoigne le tas de chaux disposé contre le
nouveau mur occidental de la pièce N20/2 (fig. 25).
Note 7 : Parmi
ces restes, outre de nombreux fragments de bois carbonisé, des os,
fragmentaires et parfois travaillés ont été retrouvés au fond de la fosse. Ils
paraissent avoir été utilisés comme combustible. D’autres déchets du travail de
l’os – non carbonisés – ont été retrouvés dans le comblement de la fosse située
au nord-est de la pièce N20/2. L’étude de ces différents lots d’os a été
confiée à Anna Rosa Di Nucci.
Fig.
25 – Boutique N20. Tas de chaux et empreintes de bois pris dans le
matériel éruptif.
Vue de l’est.
Cliché :
A. Denysiak-EFR.
36 Enfin, la
fouille a pu mettre en évidence plusieurs passages de pillards à des dates
indéterminées mais cependant postérieures, même de
peu, à l’éruption. Au moins deux tunnels ont été percés, vraisemblablement l’un
à la suite de l’autre. Il semble que le premier tunnel ait été percé dans la
pièce N20/3, avec pour objectif principal la récupération du tuyau en plomb qui
traversait cet espace : la perforation créée dans la voûte a ensuite été
restaurée comme une fenêtre. Les explorateurs/pillards ont traversé la fosse de
coulée et ont poursuivi leurs investigations en passant sous le mur sud de la
pièce, pour déboucher dans la pièce aveugle au nord de la fontaine N20a. Dans
la pièce N20/2, le mur occidental est percé d’un creusement ovale clairement
identifiable grâce aux restaurations modernes. Il en va de même pour le mur
oriental. Les explorateurs/pillards sont entrés dans la pièce N20/2 par l’est.
Ils ont commencé par dégager la salle d’une partie de son matériel éruptif,
pour l’essentiel dans sa moitié occidentale, avant de continuer leur
progression vers l’ouest en longeant le mur septentrional. Au cours de ce
déplacement, ils ont rencontré le groupe de victimes de l’éruption et, après
les avoir vraisemblablement dépouillés d’une partie de leurs objets de valeur,
ont procédé à une réduction des corps sous leurs pas ou peu s’en faut
(fig. 26) (Note 8). Continuant leur avancée, ils ont d’abord rencontré
puis suivi le tas de chaux avant de buter contre le mur occidental qu’ils ont
perforé en rejetant les moellons derrière eux. La suite de leur trajet ne peut
pas être déterminée avec certitude : il est toutefois vraisemblable, en
l’absence de toute mise en évidence d’une perforation dans le mur occidental de
la pièce N20/3, qu’ils soient sortis des pièces du rez-de-chaussée en suivant
le tunnel déjà creusé pour suivre le tuyau de plomb.
8 L’étude des
restes anthropiques a été confiée à Henri Duday
(CNRS) et à Géraldine Sachau-Carcel (Labex Archimede - UMR 5199
PACEA).
Fig. 26 – Boutique
N20. Victimes de l’éruption dont le corps a subi une réduction lors du passage
de pillards après l’éruption, en cours de fouille.
Vue de
l’ouest.
Cliché :
Fr. Pauvarel.
Référence
électronique
Sandra
Zanella, Laetitia Cavassa, Nicolas Laubry, Nicolas Monteix, Guilhem Chapelin,
Arnaud Coutelas, Audrey Delvigne Ryrko,
Mélanie Errera, Léa Gerardin, Bastien Lemaire,
Raphael Macario, Florien Ortis, Vincenzo Pellegrino
et Géraldine Sachau-Carcel, « Pompéi, Porta
Ercolano : organisation, gestion et transformations d’une zone
suburbaine », Chronique des activités archéologiques de l’École française
de Rome http://journals.openedition.org/cefr/1676