PompeiiinPictures

VII.12.11 Pompeii. Casa del Forno, dwelling/bakery with workshop.

Excavated 1846, 1863.

 

Part 2      Part 1

Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome.

Les cités vésuviennes

Pompéi, Pistrina:

Recherches sur les boulangeries de l’Italie romaine – campagne 2014

Nicolas Monteix, Sanna Aho, Audrey Delvigne-Ryrko et Arnaud Watel

 

Le matériel suivant est © Ecole française de Rome.
Utilisation soumise à
CC-BY-NC-SA 4.0
Voir
http://cefr.revues.org/1380

 

Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.

 

The following material is © Ecole française de Rome.

Use subject to CC-BY-NC-SA 4.0

See http://cefr.revues.org/1380

 

Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.

 

VII 12, 11

Comme en VII 12, 7, la boulangerie VII 12, 11 ne présente ni meule, ni pétrin mécanique. Plusieurs pièces ont été partiellement ou intégralement nettoyées afin de tenter de mieux comprendre l’organisation de l’espace, en dépit de certaines interventions modernes qui nous ont interdit de nettoyer certaines pièces. Ainsi, la pièce 5 ne peut pas être atteinte à l’heure actuelle suite au bouchage de la porte la mettant en communication avec la pièce 4 (Note 32). Les pièces 6 et 9 – cette dernière étant une probable latrine – servent à contenir des résidus d’éboulis amassés au fil des années (fig. 48).

 

Note 32 : Outre le bouchage de la porte visible dans la maçonnerie, le passage est donné comme ouvert par G. Fiorelli (1873, pl. vii).

 

Fig. 48 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Relevé de l’ensemble de la boulangerie.
Échelle : 1/100.
Relevé / dessin : F. Fouriaux / S. Aho / S. Mencarelli – EFR.

Fig. 48 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Relevé de l’ensemble de la boulangerie.

Échelle : 1/100.

Relevé / dessin : F. Fouriaux / S. Aho / S. Mencarelli – EFR.

 

La boulangerie est installée dans la partie méridionale de l’édifice. Cette fraction est remarquable par son uniformité de construction, en particulier dans ses murs périmétriques. L’intégralité du mur occidental et la majeure partie du mur oriental – au nord de la pièce 12 – sont réalisées en opus incertum mélangeant moellons de calcaire « du Sarno », basalte et tuf jaune, disposés au-dessus d’un massif de réglage construit avec six assises de tuiles ou de briques. Il est très probable que ce mur soit une reconstruction à l’identique d’un mur préexistant ayant le même tracé ; sa restauration pourrait alors remonter aux travaux consécutifs au séisme de 62/63 (Note 33).

 

Note 33 : Cette hypothèse s’appuie sur les observations effectuées en 2008 dans la boulangerie mitoyenne VII 12, 13, où le même mur, appuyé sur un mur arasé, a été observé.

 

Les éléments renvoyant aux phases antérieures à l’installation de la boulangerie sont peu nombreux et rarement clairs. Le mur méridional sur lequel s’appuie le four et l’ensemble des structures observées est le plus ancien. On notera également, dans l’angle sud-est de la pièce 10, les vestiges d’un aménagement d’interprétation incertaine (fig. 49) (Note 34). Les éléments maçonnés subsistant prennent la forme d’un quadrilatère – se prolongeant éventuellement vers l’ouest – avec une dépression en son centre. Cet amas était enduit sur son côté septentrional et était bordé, toujours vers le nord, pas un sol en béton gris lissé. Dans une phase postérieure à la démolition de cette construction, un muret est-ouest est bâti immédiatement au nord de celle-ci.

 

Note 34 : G. Fiorelli (1873, p. 18) y voit, sans explication ni conviction, un focolare.

 

Fig. 49 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vue d’ensemble de la pièce 10 après son nettoyage.
Vue du nord.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 49 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vue d’ensemble de la pièce 10 après son nettoyage.

Vue du nord.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

Le four a été construit en appui sur le mur méridional et sur un mur préexistant à l’ouest, utilisé comme refend avec la pièce 12.

Lors de sa construction, il apparaît dépourvu de mur diaphragme.

Sa façade aurait cependant déjà comporté des tuiles (fig. 50) ; en avant se développait un autel (/table).

 

Fig. 50 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Chauffe-eau incorporé dans le mur diaphragme du four dans une seconde phase.
On note que la façade initiale (à gauche) était construite en tuiles (vue du sud-est).
Cliché : F. Pauvarel – EFR.

Fig. 50 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Chauffe-eau incorporé dans le mur diaphragme du four dans une seconde phase.

On note que la façade initiale (à gauche) était construite en tuiles (vue du sud-est).

Cliché : F. Pauvarel – EFR.

 

Il n’est pas possible de définir si un passe-pains avait déjà été percé dans le mur occidental : son parement a été intégralement restauré, interdisant toute lecture des transformations de la maçonnerie. Il semble cependant que, durant cette première phase, l’accès à la pièce 12 n’ait pas été placé dans l’immédiate proximité de l’autel du four : un mur de refend continu pourrait avoir longé le four. Enfin, il est possible que l’espace disponible en avant du four ait été limité par un muret orienté nord-sud dont ne subsistent que les fondations, suite à son arasement lors de la phase suivante.

 

Ce n’est probablement que lors de la construction du mur diaphragme et de ses différents équipements que la configuration spatiale de la boulangerie change. La pièce 7 est définie par la construction d’un mur la séparant de la pièce 12. Aucune activité liée à la boulangerie ne semble y être installée (note 35). Le four est doté d’un avant-corps qui comprend, à l’est, un chauffe-eau alimenté par un tuyau en plomb, et à l’ouest, un passe-pain communiquant avec le fournil désormais installé dans la pièce 12. Au pied du massif constituant le mur diaphragme, à l’est, un fond de Dressel 20 a été installé, afin de recevoir l’eau en excès provenant du chauffe-eau (fig. 51) (Note 36).

 

Note 35 : Un nettoyage y a été effectué, pour vérifier l’éventuelle présence d’un pétrin, recherche fondée sur le système de poutraison qui aurait permis une telle installation. Rien n’a permis de confirmer cette hypothèse. Le sol, constitué de terre battue, ne présente aucune trace pouvant renvoyer à l’installation d’un pétrin.

 

Note 36 : Un tel aménagement est relativement fréquent dans les boulangeries munies d’un chauffe-eau. Voir, e.g. Monteix et al. 2014, § 30, 35.

 

Fig. 51 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Fond d’amphore utilisé pour recevoir l’eau en surplus issue du chauffe-eau.
Vue du sud.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 51 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Fond d’amphore utilisé pour recevoir l’eau en surplus issue du chauffe-eau.

Vue du sud.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

Le couvrement de l’espace entre le mur diaphragme et la façade du four est assuré par une voûte constituée de fragments de briques. Une cheminée est construite au sommet ; le conduit, réalisé avec un tuyau céramique, est protégé par un massif de maçonnerie sensiblement quadrangulaire (fig. 52-53).

 

Fig. 52 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Élévation de la façade.
Échelle : 1/100.
Coupe transversale en arrière du mur diaphragme, coupe transversale dans la chambre de cuisson (en haut) ; coupe longitudinale, élévation occidentale et élévation orientale four (en bas).
Relevé / dessin : F. Fouriaux / S. Mencarelli – EFR.

Fig. 52 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Élévation de la façade. Échelle : 1/100.
Coupe transversale en arrière du mur diaphragme, coupe transversale dans la chambre de cuisson (en haut) ; coupe longitudinale, élévation occidentale et élévation orientale four (en bas).

Relevé / dessin : F. Fouriaux / S. Mencarelli – EFR.

 

Fig. 53 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vestiges du massif gainant le conduit de cheminée.
Vue de l’ouest.
Cliché : N. Monteix – EFR.

Fig. 53 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vestiges du massif gainant le conduit de cheminée.

Vue de l’ouest.

Cliché : N. Monteix – EFR.

 

Dans la pièce 12, des tables de façonnage et des étagères sont installées. Comme souvent, ne subsistent de ces aménagements que des vestiges d’interprétation délicate, en raison notamment des techniques de construction déployées, qui montrent une adaptation aux matériaux disponibles plus qu’un choix véritablement raisonné. Ainsi, les deux pieds de tables disposés contre le mur méridional sont construits en remployant des blocs de basalte pour l’un, tandis que de l’autre ne subsiste qu’une tuile fragmentaire posée à plat sur un lit de mortier (fig. 54).

 

Fig. 54 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vue générale de la salle de façonnage. 
Vue de l’est.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 54 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Vue générale de la salle de façonnage.

Vue de l’est.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

Le pied installé contre le mur occidental au nord témoigne d’un bricolage élevé au rang de grand art : un fragment de mur maçonné a été remployé presque tel quel avec quelques éléments ajoutés au sommet, le tout déposé sur un lit de mortier (fig. 55).

 

Fig. 55 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Pied de table maçonné, remployant un fragment de mur.
Vue de l’est.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 55 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Pied de table maçonné, remployant un fragment de mur.

Vue de l’est.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

La construction de son pendant, situé à 1,14 m plus à l’est, a été réalisée avec un tel soin qu’il n’en reste qu’un moellon de basalte dans un lit de mortier. En outre, quatre étagères superposées ont été installées sur les murs sud et ouest. Les encoches creusées dans la partie occidentale du mur méridional ont disparu, rebouchées par des restaurations modernes, ce qui rend difficile la restitution de l’ensemble. Cependant, comme pour les pieds de table, une certaine improvisation semble avoir présidé à la mise en place de ces étagères : seul, et c’est heureux, le principe d’horizontalité a été considéré ; l’alignement vertical des supports est beaucoup plus hasardeux (fig. 56). En tout, ce sont néanmoins entre 12 et 20 m linéaires permettant d’entreposer les pâtons pendant la levée qui ont été mis en place (Note 37).

 

Note 37 : Il est possible que les étagères des murs sud et ouest n’aient pas fonctionné en même temps : vue la faible profondeur de la table méridionale, l’installation des étagères sur le mur sud aurait pu vraisemblablement gêner le travail de façonnage. Il n’est cependant pas possible de déterminer une éventuelle succession chronologique.

 

Fig. 56 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Mur méridional de la salle de façonnage. 
Vue du nord.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 56 – Pompéi, boulangerie VII 12, 11 – Mur méridional de la salle de façonnage.

Vue du nord.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

Enfin, bien que sans lien immédiatement clair avec la production de pain, divers aménagements liés à l’approvisionnement en eau ont été observés. Tout d’abord, dans la salle 4, un nettoyage ciblé a permis de comprendre le fonctionnement du large tuyau de plomb vertical fixé au mur occidental de la pièce (fig. 57). Cette fistula recueillait les eaux météoriques pour les convoyer dans un bassin quadrangulaire dont seul le fond est constitué d’un revêtement hydraulique, suite à la disparition de l’enduit des parois. Un tuyau céramique inséré dans la paroi septentrionale du bassin permet l’évacuation des eaux reçues. Son parcours est ensuite protégé par un massif maçonné, jusqu’à ce que, selon toute hypothèse, il rejoigne la citerne de l’édifice.

 

Fig. 57 – Pompéi, boulangerie VII 2, 11 – Bassin de réception des eaux météoriques en cours de nettoyage (à g.) et à l’achèvement de celui-ci (au centre ; vues de l’est). 
À droite, détail de la canalisation d’évacuation (vue du nord).
Clichés : S. Aho – EFR.

Fig. 57 – Pompéi, boulangerie VII 2, 11 – Bassin de réception des eaux météoriques en cours de nettoyage (à g.) et à l’achèvement de celui-ci (au centre ; vues de l’est).

À droite, détail de la canalisation d’évacuation (vue du nord).

Clichés : S. Aho – EFR.

 

La bouche de celle-ci a été observée dans le couloir 3 qui relie la boutique de façade aux espaces de fabrication (fig. 58).

 

Fig. 58 – Pompéi, boulangerie VII 2, 11 – Bouche de citerne et bassin de réception des eaux dans la pièce 3.
Vue de l’est.
Cliché : S. Aho – EFR.

Fig. 58 – Pompéi, boulangerie VII 2, 11 – Bouche de citerne et bassin de réception des eaux dans la pièce 3.

Vue de l’est.

Cliché : S. Aho – EFR.

 

Un catillus fortement usé avait été déplacé par-dessus, nous amenant à nettoyer la zone pour comprendre son éventuelle utilisation en remploi, d’autant plus intrigante que la boulangerie n’est pas supposée avoir eu des meules (note 38). La bouche de citerne appartient à un ensemble plus complexe qui paraît avoir subi des remaniements. Tandis que dans l’angle sud-ouest de la pièce se trouve un remblai inachevé ou partiellement détruit, à la bouche, de plan circulaire, a été accolé un bassin quadrangulaire qui communique avec elle par une perforation effectuée dans sa paroi septentrionale (Note 39). Le bassin, plus profond que celui de la pièce 4, présente un profil arrondi à l’ouest, vertical sur les autres côtés. Sa paroi orientale est percée de deux canaux. L’un, provenant de l’est, est réalisé avec un tube céramique ; le second, aménagé directement dans la maçonnerie avec un petit linteau en basalte, se dirige plus vers le sud-est. Bien qu’aucun tuyau d’adduction n’a été conservé, le parallèle entre le bassin de la pièce 3 et celui de la pièce 4 est assez marquant. Ces deux constructions pourraient donc être le signe d’une réfection du système de captage des eaux de toiture, destinées à être recueillies dans une citerne préexistante.

 

Note 38 : Ce catillus a été décrit par G. Fiorelli (1873, p. 18) en ces termes peu satisfaisants : « in fondo un’altro compreso (b [=2]), accanto al quale una fauce (c [=3]) ove in origine stavano le macine che poi furono tolte ».

 

Note 39 : Ce percement pourrait être lié à un effondrement partiel de la paroi séparant le bassin de la citerne.

 

Bibliography

Fiorelli 1873 = G. Fiorelli, Gli scavi di Pompei dal 1861 al 1872, Naples, 1873.

 

Pour citer cet article

Référence électronique

Nicolas Monteix, Sanna Aho, Audrey Delvigne-Ryrko et Arnaud Watel, « Pompéi, Pistrina », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome [En ligne], Les cités vésuviennes, mis en ligne le 01 juillet 2015. URL : http://journals.openedition.org/cefr/1380

 

 

Part 1

 

 

 

 

 

The low resolution pictures on this site are copyright © of Jackie and Bob Dunn and MAY NOT IN ANY CIRCUMSTANCES BE USED FOR GAIN OR REWARD COMMERCIALLY. On concession of the Ministero della Cultura - Parco Archeologico di Pompei. It is declared that no reproduction or duplication can be considered legitimate without the written authorization of the Parco Archeologico di Pompei.

Le immagini fotografiche a bassa risoluzione pubblicate su questo web site sono copyright © di Jackie e Bob Dunn E NON POSSONO ESSERE UTILIZZATE, IN ALCUNA CIRCOSTANZA, PER GUADAGNO O RICOMPENSA COMMERCIALMENTE. Su concessione del Ministero della Cultura - Parco Archeologico di Pompei. Si comunica che nessun riproduzione o duplicazione può considerarsi legittimo senza l'autorizzazione scritta del Parco Archeologico di Pompei.

Ultimo aggiornamento - Last updated: 25-Mar-2021 21:58